Histoire

Notre société a été fondée au début de l'année 1904 sous le nom de "Société Belge de Stomatologie". Elle a connu des débuts difficiles en se limitant à la chirurgie buccale. La "stomatologie" n'a été reconnue comme spécialité médicale qu'en 1956. Au cours des années suivantes, la société s’est fortement investie en faveur de l'élargissement du champ d'application de la chirurgie maxillo-faciale en Belgique. Ce plaidoyer s'est traduit par un changement de nom en "Société royale belge de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale" en 1973. En 2023, il a été décidé de fusionner les associations professionnelle (VBS-GBS) et scientifique (Société Royale Belge) en "Association Belge de Chirurgie Buccale et Maxillo-Faciale - Tête et Cou".

Nous remercions chaleureusement les auteurs principaux de ce résumé, le professeur Eric Fossion et le docteur Edmond Lahy.

1830-1928 : La domination médicale

Depuis l'indépendance en 1830 jusqu'en 1928, la loi belge stipule que les docteurs en médecine sont les seuls praticiens autorisés à prodiguer des soins médicaux. Cela comprend le traitement de la cavité buccale et des dents par les stomatologues qui sont des docteurs en médecine ayant suivi une formation complémentaire d’une ou deux années en dentisterie.

Durant le dernier quart du XIXe siècle, à l'échelle mondiale, la profession dentaire a commencé à se structurer en mettant en place des cursus universitaires raccourcis et un statut professionnel distinct. Toutefois, en 1900, en Belgique, pour souligner l'identité médicale de la profession, la "Société Odontologique des docteurs en médecine de Belgique" a été fondée. En 1904, elle devient la "Société Belge de Stomatologie" et son journal scientifique devient "Acta Stomatologica Belgica".

1905-1928 : Naissance d'une spécialisation dentaire

À partir de 1905, les universités commencent à enseigner la stomatologie par le biais de "cliniques de stomatologie" spécialisées. Néanmoins, elles ne la reconnaissent pas en tant que spécialité distincte. 

En 1928, à l'image des pays voisins, la Belgique organise une formation dentaire spécifique raccourcie. Les diplômés pouvaient suivre une formation dentaire de deux ans après un programme de médecine de base de trois ans ou un diplôme de médecine complet. Ce dernier permet d'obtenir le titre de stomatologue. Le "diplôme de dentisterie" limite l'exercice de la dentisterie seulement à ceux qui possèdent cette qualification spécifique, de façon légale.

Malgré ces changements, les stomatologues belges doublement qualifiés (MD + DDS) restent libres de pratiquer la dentisterie, l'orthodontie et la chirurgie buccale. Toutefois les chirurgies majeures sont réservées aux spécialités médicales telles la chirurgie générale et l'ORL.

À partir de 1956 : La stomatologie, une spécialité reconnue

En 1956, la stomatologie a été reconnue comme une spécialité médicale à part entière, sur base d’un double diplôme MD + DDS et d'une formation spécialisée postuniversitaire de deux ans.

Dès lors, les formations avancées dans des pays comme la France, l'Allemagne, la Suisse, l'Autriche et les États-Unis sont devenues pertinentes. Ainsi, une nouvelle génération de chirurgiens maxillo-faciaux a rejoint les stomatologues dans les cliniques de chirurgie buccale et maxillo-faciale, collaborant étroitement se distinguant des services dentaires.

Un événement marquant

L'organisation du colloque européen de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale à Bruxelles, le 24 avril 1972, a marqué un tournant. Cet événement a permis de présenter aux spécialités voisines et aux responsables politiques l'étendue du champ de la chirurgie maxillo-faciale. Parmi les participants figuraient d'éminents professeurs français, allemands et belges, et notamment le professeur H. Obwegeser lui-même.

Cette histoire riche met en lumière l'évolution dynamique et la complexité des professions respectives de stomatologue et de dentiste en Belgique, reflétant à la fois les tendances mondiales et les particularités locales.

1973-1975 : Formation et reconnaissance

En 1973, la Société belge est rebaptisée "Société Royale Belge de Stomatologie, Chirurgie Orale et Maxillo-Faciale". Pour commémorer son 75e anniversaire, un congrès international est organisé en mai 1975, avec la participation d'éminents conférenciers de chaque université belge, dont P. Berger, A. Reychler, P. Delfosse, R. Bullens, R. Peiffer, les professeurs H. Brabant, R. Mayer, M. Bossuyt, R. Douniau et R. De Wilde.

Fin du XXe siècle : Mettre l'accent sur la formation et la collaboration

Pour souligner l'importance de la chirurgie maxillo-faciale au sein de la spécialité de stomatologie, de nombreux stagiaires sont encouragés à effectuer des rotations entre les départements universitaires et les centres régionaux avancés, tant en Belgique qu'à l'étranger. À partir de la fin des années 70, une nouvelle vague de chirurgiens oraux et maxillo-faciaux a considérablement amélioré la qualité et la diversité de la spécialité.

Au cours de la dernière partie du 20e siècle, les dirigeants des associations professionnelles (VBS-GBS) et scientifiques (RBSOMFS) belges ont réussi à créer une spécialité "unifiée" reliant les facultés dentaires et médicales, leurs spécialités adjacentes et en expansion, et les divisions régionales en Flandre, en Wallonie, à Bruxelles et dans toute l'Europe (UEMS).

Croissance et expansion : de 1956 à nos jours

Le nombre de spécialiste est passé d'une trentaine de stomatologues en 1956 à environ 120 en 1980. Plus de la moitié de ces derniers pratiquent des interventions chirurgicales majeures dans une quinzaine de centres maxillo-faciaux. Aujourd'hui, quelques 250 chirurgiens maxillo-faciaux sont actifs en Belgique, répartis dans huit hôpitaux universitaires et une vingtaine de grands services régionaux. Chaque année, 10 à 15 nouveaux spécialistes sont diplômés.

La RBSOMFS organise deux réunions scientifiques par an, invitant des conférenciers d'Europe et d'ailleurs. En tant que société bilingue (francophone et néerlandophone) une rotation des nominations à la présidence et au conseil d'administration est organisée tous les deux ans entre des académiques et non académiques.

2000 : Célébration du centenaire

En 2000, lors du centenaire de la Société royale belge de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale, un conférencier de chaque pays d'Europe occidentale a été invité pour couvrir tous les aspects de cette vaste spécialité.

Collaboration et influence internationale

La politique consistant à envoyer des stagiaires en chirurgie maxillo-faciale dans les meilleurs centres d'Europe et des États-Unis s'est avérée bénéfique. Elle a favorisé le développement de liens étroits avec les sociétés scientifiques internationales. À la fin des années 80, les chirurgiens maxillo-faciaux belges ont commencé à acquérir une reconnaissance internationale dans divers domaines, notamment la chirurgie orale, la traumatologie, la chirurgie orthognathique, l'articulation temporo-mandibulaire, les glandes salivaires, les malformations congénitales, la chirurgie cranio-faciale, la chirurgie esthétique, la chirurgie oncologique et reconstructive, l'imagerie 3D et la reconstruction 3D. Nombre d'entre eux contribuent activement à l'enseignement, aux congrès et aux événements majeurs aux niveaux national, européen et mondial.

Participation à l'EACMFS

Depuis le congrès fondateur de l'EACMFS en 1972, les chirurgiens maxillo-faciaux belges ont participé activement à tous les congrès et ateliers de l'EACMFS. La Belgique a accueilli deux congrès prestigieux de l'EACMFS sous les présidences de R. Peiffer en 1990 (Bruxelles) et de M. Mommaerts en 2010 (Bruges), témoins d'une croissance remarquable de la participation.

Conclusion

L'évolution de la chirurgie maxillo-faciale en Belgique traduit une histoire de développement, de collaboration et d'influence internationale. Depuis sa création jusqu’ à son déploiement en une spécialité à multiples facettes, la chirurgie orale et maxillo-faciale, et de la tête et du cou belge est devenue incontournable sur la scène internationale, contribuant largement à divers aspects du domaine.